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« Mongolie, Fête des aigliers »

Date

November 22, 2018

Catégorie
Journal en images
« Mongolie, Fête des aigliers »

Cette rencontre des aigliers est première de l’année. Depuis longtemps Nathalie l’a notée sur le planning afin de la faire coïncider avec notre arrivée par l’ouest de Mongolie. Située à proximité du village de Sagsaï, elle nous est présentée comme la plus authentique, voire la plus confidentielle des fêtes des aigliers.

En cette mi-septembre, elle ouvre la saison de la chasse. C’est donc, trois jours plus tôt que nous franchissons la frontière, direction la ville de Olgii, dans l’Altaï mongol.

S’il n’est pas difficile de trouver un lieu de bivouac pour la nuit, tant la steppe est immense même à proximité de la ville, la tâche bien plus ardue pour situer le lieu précis de cette rencontre.

Par sécurité, nous effectuons une rapide visite dans une agence de tourisme de la ville histoire d’obtenir confirmation et précision quant au lieu de la manifestation. Bonne initiative ! Car le lieu de la rencontre a changé. Elle se tient cette année près du village d’Altantsugts, dans un secteur totalement opposé du premier.

Rendu sur place, après deux heures de piste, on peut même dire de jeu de pistes tellement elles sont nombreuses, il nous faut encore localiser la zone précise de la manifestation.

Finalement d’information en information, pas toujours concordantes, nous suivons un convoi qui se dirige vers nulle part avant d’aboutir sur un plateau dominé de petits reliefs.

Devant nous, les véhicules s’alignent les uns aux côtés des autres, nous sommes sur « le » spot.

Nous sommes surpris d’y rencontrer nombre de touristes de toutes nationalités qu’accompagnent des agences de la capitale. Parmi eux, beaucoup de photographes, équipés de leur artillerie lourde.

De nombreux Kazakhs, cette population turcophone implantée dans la province de Bayan-Ölgii est déjà présente. Tous nomades, certaines familles viennent de très loin et c’est pour elles l’occasion de se retrouver d’échanger et de se divertir après un été de labeur.

Comme souvent dans de telles organisations le programme n’est que théorique et la manifestation débute avec plus d’une heure de retard. Mais que représente un retard pour ces hommes dont le quotidien est rythmé saison après saison par les aléas de la nature ?

Pour l’occasion, les chasseurs ont revêtu les habits traditionnels. Sur leur monture, aigle royal sur une main, tous rivalisent de prestance. J’oublie de préciser que le type de chasse qui se pratique dans cette région est complètement atypique puisqu’elle se déroule exclusivement à cheval.

Les aigliers affectionnent les femelles, qui sont plus grandes et puissantes que les mâles. Elles peuvent peser jusqu’à 7 kg pour une envergure de plus de 2 mètres. Pour ce faire, ils enlèvent les aiglons au nid ou les capturent plus tard au filet. Les proies sont généralement des renards facilement repérables sur la neige par leurs fourrures dorées, mais également des lièvres et louveteaux.

Mais aujourd’hui pour les âmes sensibles et pour l’équité de la compétition, le cavalier traine un lapin mort derrière sa monture. À son signal, son équipier posté en hauteur enlève le masque de l’aigle. L’Aigle est alors jugé sur sa rapidité d’envol, de repérage ainsi que de la vitesse avec laquelle il rejoint le gant du chasseur.

Nous assistons également à l’étonnante épreuve de bushkashi où par tournoi de deux, les cavaliers Kazakhs se disputent une dépouille de mouton qu’ils doivent déposer derrière la ligne de but. Le spectacle parfois chaotique fini souvent en mêlée ouverte au beau milieu des spectateurs.

Les rencontres se déroulent sur deux journées agrémentées d’autres animations, tout cela dans une ambiance bon enfant.

Un regret toutefois, le côté mercantile évident d’un événement dit confidentiel et authentique : entre 30 et 50 € pour assister à ce type rencontre. À la différence que celle d’Ölgii ou d’Oulambator attire de loin beaucoup de monde. Ces sommes au demeurant acceptables en Europe sont en total décalage avec le coût de la vie mongole qui risque bien à terme de voir muter cette forme traditionnelle de fauconnerie en spectacle de cirque où d’authentiques chasseurs se voient reconvertis en professionnels du spectacle. Mais, me direz-vous, est-ce bien étonnant, dans un monde où sur tous les continents, les mœurs et les cultures se voient façonnées par les bienfaits du tourisme ?

A.A.

 

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