Cela fait plusieurs semaines, pour ne pas dire plusieurs mois, que nous sommes sur les préparatifs de ce projet. Certes ce n’est pas la partie kayak qui nous a posé le plus de soucis, si ce n’est ces deux dernières semaines pour l’attente d’une fenêtre météo.
Depuis deux jours tous les voyants sont au vert. Le jour du départ est maintenant fixé au dimanche 24 avril 2016.
Il était initialement prévu pour le 27 mars dernier, jour de mon anniversaire, mais le hasard fait que c’est celui où mon père fête ses 82 ans.
C’est d’ailleurs lui qui vient nous récupérer ce matin et c’est ensemble que nous tournons la clé dans la serrure. Et c’est souvent une des parties les plus difficiles d’une aventure, partir, ne pas se retourner et regarder droit devant.
Les kayaks attendent depuis deux semaines dans le hangar à bateau de la toute nouvelle Société Nautique de Monaco, un peu comme des bolides protégés dans leur paddock.
Il ne reste plus que les derniers effets à rentrer dans les compartiments étanches des deux « Explorer ». Nous arrivons à 9 h 45 une heure plus tôt que le rendez-vous officiel afin de finir sereinement ce rangement, mais les amis et la famille en font de même. Notre amie Michèle n’a pas hésité à faire 500 km pour nous saluer. Ma soeur a même retardé la cérémonie d’un baptême pour être présente. Tous ces gestes nous touchent au plus haut point.
Maintenant un groupe important se presse autour de nous.
Nous sortons les kayaks sur le quai, sous les regards curieux des touristes. La chose doit leur paraître normal à Monaco, il se passe toujours chose…
4 pirogues polynésiennes Vai Nui Va’a Pirogues venues de la commune voisine de Roquebrune se dirigent vers les pontons. Leurs équipages sont venus saluer le départ de « The Route ». Sophie et Eric nous appellent pour nous remettre un cadeau. Comme le veut la tradition, ils nous passent un collier de fleurs autour du coup. S’en suit une prière main dans la main afin que l’énergie commune bénisse et protège notre voyage.
Après deux interviews et de nombreuses séries de photos, nous enfilons nos nouvelles combinaisons étanches. On a vraiment l’impression de se retrouver en bête de cirque.
Nos amis nous aident à porter les kayaks jusqu’au point d’embarquement. Ultimes photos, ultimes embrassades, après de nombreux mois de préparatifs, une nouvelle aventure commence. À 12 h 30 « Sumut ? » et « Malik quitita » (« Où vas-tu ? » et « Danser sur les vagues », les deux noms sont en groenlandais) glissent vers la sortie du Port Hercule.
« The Route » c’est parti !
Escorté par la flottille de pirogues polynésiennes, le départ officiel est effectué au pied du Musée Océanographique. Un vent portant nous incite à sortir les voiles d’appoint ce qui a l’effet immédiat d’alléger la pression au bout des pagaies. J’avais oublié combien un kayak chargé est lourd à tracter.
Du coup, nous coupons la baie de Menton, les proues pointées sur la Riviera italienne.
Michel (Searout), notre routeur météo depuis la toute première navigation au Groenland 2009, nous prévoit une fenêtre de beau temps de trois jours.
Tout en précisant que les prévisions pour la Méditerranée ne sont fiables que 48 voir 24 heures à l’avance. Autant dire que nous allons naviguer à vue et profiter de toutes les bonnes opportunités.
À 17 h 30 la première navigation s’achève sur la petite ville d’ Ospedaletti voisine de celle de Sanremo. Au compteur : 26 km.
Le camp est monté sur la plage, au milieu des barques de pêcheurs.
Ce soir, nous ne serons pas seuls. Fabrice, Clotilde et Elodie après nous avoir accompagné jusqu’à la frontière Franco Italienne avec leur voilier, viennent partager notre camp et nous offrir des mets grecs les plus succulents les uns que les autres. Un avant gout de Grèce avant l’heure ! Pour parfaire au charme, nous nous retrouvons blottis sous la tarp (bâche tendue de bivouac)à l’abri de la pluie à contempler les lumières de la ville qui s’enfonce dans la nuit.
Il se fait tard, passé les embrassades avec nos amis, nous avons une pensée pour tous ceux qui nous ont accompagnés. Pour sûr, ils nous suivront. « The Route » ne fait que commencer.
Épilogue : Le lendemain alors que nous envisageons atteindre la ville d’Imperia dans la journée, nous subissons entre 10 à 15 mètres secondes de vent (36 à 54 km/h) et devons nous abriter dans le port de Sanremo. Après deux jours d’arrêt, nous pensons reprendre la mer demain jeudi 28 avril.
À suivre…
Encore merci à tous pour votre soutien et l’intérêt que vous nous témoignez.
A.A.