November 22, 2018
Nous voilà de retour après une semaine dans la vallée.
Espace immense fait de steppes et d’une multitude de petites rivières gelées, bordées de hauts reliefs. Erdenee a mis sa très grande yourte inutilisée pendant l’hiver, à notre disposition.
Le lendemain de notre installation, il ramène toute une équipe de nomades afin de doubler la couverture de feutre existante, de border le bas de la yourte d’une couche de terre, de couper du bois à la tronçonneuse.
Après avoir situé nos voisins les plus proches sur une carte, dont les campements se situent entre 3 et 8 km du nôtre, il nous laisse les clefs et un bon vieux chien de berger qui maintenant monte la garde de notre nouvelle résidence.
Au fil des jours et à bord du Toy, qui pour l’occasion a repris du service, nous parcourons les différents secteurs de la vallée, comme on explore un nouveau terrain de jeux, enjambant tourbières et rivières gelées. Au détour de la piste, nous croisons une longue colonne, une transhumance de yaks. Dans les lumières faiblissantes de cette froide journée, l’ambiance est irréelle. Nous ne sommes plus en 2018, mais deux siècles plus tôt, sur les contreforts de l’Himalaya.
Répondant aux visites de nomades, qui le temps d’un thé iranien ne manquent pas de venir se réchauffer autour de notre poêle, nous multiplions les visites dans les différents campements. Là encore, à la vue du nombre de nomades engoncés dans leurs deels (long manteau mongol) comme une seconde peau qu’ils n’enlèvent jamais, des morceaux de viande suspendus et des fumées qui emplissent la yourte, l’ambiance est à un autre temps.
La communication est faite de gestes et de mimiques, sans toutefois atteindre la spontanéité de nos amis groenlandais. Ici la réserve est de mise.
Bien sûr et en fonction des besoins, nous allons alterner avec notre camp de base dans le village situé à 1 h 30 de piste.
Contrairement à l’image que l’on pourrait s’en faire, le contexte est bien loin de celui de notre vie groenlandaise. Ici, que ce soit au village ou dans la vallée, la vie y est de loin bien plus rude. On peut même parler de «primaire».
La première grande différence est un chauffage au bois qu’il faut d’abord se procurer avant de pouvoir le débiter. Contrairement au poêle au pétrole groenlandais, les poêles à bois mongols s’arrêtent pendant la nuit. Nous avons eu jusqu’à -10° le matin au saut du lit, dans la yourte. Ce n’est rien, on finit par s’y habituer, mais quand sera-t-il au cœur de l’hiver à -40° à l’extérieur ?
Une autre grande différence reste la collecte de l’eau. Ici pas d’eau filtrée et disponible 24/24 sur des lieux fixes et entretenus.
Dans la vallée, il faut chercher les points d’eau libre sur la rive gelée. Et c’est sur la même petite rivière que s’abreuvent des milliers de moutons, de chevaux et de yaks.
Je ne parle pas de l’inexistence de maisons communales qui apportent des services de base comme douche et machine à laver. Ici c’est tout à la main !
Quant à internet : rien dans la vallée et de la 2 à 3 G au mieux dans le village.
Encore une raison de déstresser et d’apprendre la patience !
C’est vrai que de ce côté-là le Groenland est une bonne école.
J’oubliais les invitations à diner chez l’habitant à en faire blêmir un végétarien.
Bref ce n’est pas ça qui nous empêche d’apprécier la rudesse des grands espaces de l’Arkhangai et du secteur où nous nous sommes posés, qui en plus d’être hors des circuits touristiques se trouve être une des zones les plus froides du pays.
Pour les sept prochains jours, nous attendons des températures avoisinant les -40°.
Histoire de mieux apprécier les beaux jours !
A.A.